Le camp de Ain el Héloué, dans le Sud du Liban, à quelques kilomètres de la Galilée, au Nord d’Israël : 70 000 Palestiniens vivent dans un espace d’un kilomètre carré, le cinquième des réfugiés palestiniens au Liban. La plupart ne sortent jamais du camp : 72 métiers leur sont interdits au Liban et ils n’ont guère le droit au travail. Ils n’ont pas de papiers d’identité, sinon la carte de réfugiés de l’ONU et ils ne peuvent pas voyager.
Depuis plus de 50 ans, les réfugiés palestiniens, au Liban, mais aussi en Syrie et en Jordanie, attendent. La création de l’Etat d’Israël, en 1948, marqua pour eux le début d’un exil qui s’est éternisé. Le temps de trouver la solution politique qui devait les ramener chez eux. La solution n'est jamais venue et le provisoire est devenu permanent. Toutes les négociations entre dirigeants israéliens et palestiniens butent sur eux. Leur retour, les israéliens ne veulent pas en entendre parler. Ce retour que les leaders palestiniens n’ont jamais cessé de leur promettre, depuis quatre générations.
Alors que la création de l’Etat d’Israël put paraître une solution salvatrice pour les Juifs rescapés de la Shoah, elle apparaît pour ces réfugiés comme une injustice : ils se sentent peu concernés par l’antisémitisme séculaire de l’Occident et ne voient pas pourquoi ils en subiraient les conséquences.
L’espoir s’en est allé et les affrontements entre les hommes armés du Hamas et ceux du Fatah de Yasser Arafat sont sanglants dans le camp. Alors que la société palestinienne était la plus laïque du Moyen Orient, notre enquête montre comment les fondamentalistes du Hamas et du Jihad Islamique gagnent du terrain chaque jour. L’emprise du Hamas se fait de plus en plus forte: propagande, enfants encadrés, femmes obligées de se conformer à des traditions archaïques. Malades du passé, ils sont sans futur Aujourd’hui, ils constituent une véritable bombe humaine collective à retardement.