De leur passé, il ne leur reste rien, si ce n’est quelques photos. De demain, ils ne savent rien. Victime de l’épuration ethnique au Kosovo, la famille Rraci a trouvé refuge depuis le 8 avril 1999 dans une petite ville d’Allemagne. Une date qui restera gravée dans sa mémoire. Car au-delà du soulagement de laisser derrière soi la menace serbe, il y a la déchirure de quitter la terre des Balkans. Après avoir vécu six jours dans l’enfer du camp de Blace, au poste frontière macédonien, comme des centaines de milliers d’autres réfugiés, la famille Rraci fut transférée au camp de Stenkovac. Dans ce camp installé par l’ONU, un seul espoir: se faire enregistrer sur les listes de départ à destination de l’Allemagne. Incertitude, angoisse, attente, épuisement…puis enfin, le droit de s’exiler vers cette nouvelle terre d’accueil. Mais à des kilomètres de son pays natal, impossible de trouver le repos. Du matin au soir, une obsession : retrouver la trace des proches que l’on a perdus au cours de cet insupportable exode. Du matin au soir, une lancinante question : Le retour au Kosovo passera-t-il par la prise des armes ?