Tchétchènie, huit années de guerre et d'horreur et seulement quelques images. Les immeubles éventrés de Grozny et les corps sous plastique sortis des charniers. Chaque semaine, de nouveaux charniers disent l'ampleur des massacres des populations civiles. Les images de ces massacres ne sortent pas de Tchétchènie, mais elles restent dans la tête des témoins et des enfants souvent spectateurs impuissants de l'horreur. Eux savent ce qui se passe dans les villages de montagne. Ces images muettes ils les ont emportées avec eux en Géorgie dans les camps de réfugiés où des psychiatres s'attachent à les délivrer de leurs terribles secrets. Les traits de crayons sont précis, implacables presque esthétiques. Les larmes des enfants sont sèches et leurs jeux silencieux. Silence qu'Adam, 10 ans, dénonce en ces termes: "je voudrais remercier l'Europe pour son indifférence vis-à-vis de cette guerre et de mon enfance détruite". La vallée de Pankissi, située en territoire géorgien, accueille depuis octobre 1999, 6000 réfugiés tchétchènes. 87% des enfants qui y sont accueillis sont victimes de troubles psycho-traumatiques. Victimes d'une sale guerre, victime de la folie meurtrière des adultes.